Pour certains historiens, Barnard, issu d’une riche famille terrienne, pourrait être natif du Bugey (Izernore ?), ou de la région lyonnaise, de Spinosa (première appellation de Saint-Bernard), où ses parents avaient de nombreux fiefs. Il fut dès l’enfance initié aux arts libéraux et, élevé pieusement, il souhaite prendre l’habit de moine. Mais à dix-huit ans, resté seul héritier à la mort de ses frères, il dut, semble-t-il, sur injonction de son père, s’engager dans les liens du mariage. Il se rend à la cour de Charlemagne à Aix-la-Chapelle, où, comme officier de l’Empereur, il part sur les rives de l’Elbe combattre les Saxons.
A la mort de son père, ayant gardé sous l’habit militaire une âme de religieux, il cherche à distribuer aux pauvres son patrimoine.
C’est vers 800 qu’il fait construire à Ambronay en Bugey une abbaye qu’il dote de biens considérables et où il place un abbé bénédictin. Il y mène hors-murs, sous 1’habit militaire, une vie vouée aux autres, dans la prière et le célibat, jusqu’à la mort du père abbé, où il est désigné d’office pour le remplacer, tant sa vie est exemplaire.
La tradition rapporte que c’est à cette époque, entre 804 et 810, qu’auraient été fondés à Spinosa, au nord du village, par Barnard, le Prieuré de la Bruyère destiné à sa femme et à l’une de ses filles, ainsi qu’une chapelle à l’emplacement de l’église actuelle, chapelle qui fut sûrement la première église du village.
Barnard était abbé d’Ambronay depuis trois ans lorsque, vers 810, le siège épiscopal de Vienne étant devenu vacant, les évêques de Gaule le désignèrent comme archevêque de cette ville. Il refuse cette charge, mais Charlemagne fait intervenir le pape Léon III, et Barnard doit se rendre à Vienne.
Sacré archevêque, il n’abandonne aucune des austérités du cloître, entreprend la réforme de son diocèse et institue des lois sévères pour le clergé.
Malgré lui, mêlé aux vicissitudes de l’histoire du pays, il dut à plusieurs reprises prendre parti, toujours guidé par la seule considération du bien public. Pendant 32 ans il assuma ses lourdes charges, avec le regret profond de ne pouvoir se consacrer entièrement à Dieu. Afin de pouvoir finir ses jours sous la robe de bure, il fonde à l’extrémité méridionale de son diocèse une abbaye en 839 qui fut à 1’origine de la ville de Romans sur Isère, dans la Drame. Il s’y retira en 840 et y mourut en 842, le 23 janvier. Il fut enseveli dans le sous-sol de la chapelle. Ses reliques furent exhumées le 22 avril 944 et placées dans une châsse à gauche de l’autel des Saints Apôtres de l’abbaye de Romans. Il fut canonisé au XI siècle, date où Spinosa deviendra « Saint-Barnard », qu’une malencontreuse coquille transforma plus tard en Saint-Bernard.
Source: Les Amis de l’Eglise